Jean-Marc Lucy, 62 ans, termine sa carrière lundi prochain, après 26 années passées à la tête du service des sports de la ville de la Roche-sur-Yon. Son dernier acte symbolique aura lieu la veille, où il donnera, dimanche, le départ de la grande course de la bicentenaire, à la demande du maire.
Jean-Marc Lucy est un autodidacte qui a commencé comme animateur, avant de gravir les échelons pour devenir directeur du service des sports. Avec pudeur, et un pincement au cœur, il survole avec nous une carrière dynamique.
Jean-Marc Lucy, le directeur du service des sports de La Roche part en rétraite lundi.
Entretien.
La première question est d’ordre sportif. Le directeur du service des sports de La Roche est-il sportif ?
C'est une question qui m'a souvent été posée à chaque mandat, quand les élus arrivaient. « Est-ce que vous faites du sport ? » Je répondais oui, soit j'en faisais, soit j'en avais fait, ça dépendait de l'âge qui avançait, mais ce n'est pas l'essentiel quand on est directeur des sports, c'est un rôle de gestionnaire et d'opérationnel.
Vous devez être sur le terrain, connaître tout le monde, créer du lien. Pratiquer du sport c'est forcément une qualité quand on est directeur ou directrice, mais ce n'est pas la première des qualités recherchées. En même temps, il faut s'y intéresser, il faut avoir la fibre.
Autour de nous, il y a des hommes et des femmes qui sont de grandes compétences dont c’est le cœur de métier d'agir sur le terrain et on s'enrichit de cette compétence en permanence.
Quels sports avez-vous fait ?
J'ai fait du sport mécanique, du motocross, de l’endurance, de l’athlétisme, du cheval et du vélo, en fait, je suis beaucoup sur quelque chose [rires].
En quoi consiste un service des sports dans une collectivité ?
On dit souvent que le service des sports, comme d'autres services, gère les subventions et les installations. Si ça ce cantonnait à ça, je ne serais certainement pas resté aussi longtemps à la tête de cette direction.
Le service des sports a une partie qui est consacrée à la gestion des équipements au quotidien, dans la relation avec tous les utilisateurs, et doit faire en sorte que l’on soit des donneurs d'alerte quand les équipements vieillissent trop.
Il y a beaucoup de relations fonctionnelles avec l'ensemble des utilisateurs comme par exemple toutes les écoles publiques et privées, les collèges et lycées, le sport universitaire, la formation professionnelle, et d'organisation, comme les comités départementaux, les stages, les événements c’est quand même extrêmement vaste.
Au cours de ma carrière, j’ai connu des milliers de responsables associatifs et scolaires.
S’il fallait faire un choix, quel serait le dossier qui vous tient à cœur ?
La natation est la discipline phare en matière de coût d'éducation chez nous, puisque tous les MNS sont mobilisés sur un projet très important, depuis cinq ans, qui est de savoir nager pour tous les enfants de l'agglomération de toutes les écoles.
Ce n’est pas moins de 6500 élèves qui sont concernés, de la grande section jusqu’au CM1. Ils ont tous huit séances de natation pendant cinq ans pour faire en sorte que, en rentrant en sixième, ils sachent nager. C'est un objectif majeur qui rejoint l'objectif national. Je suis personnellement fier de ça, d'avoir mis ça en place avec les équipes. Le premier bilan des cinq ans sera fait au mois de juin, mais je serai là…
Dans votre parcours, vous avez travaillé avec trois maires : Jacques Auxiette, Pierre Regnault et Luc Bouard…
J’ai travaillé avec trois maires Jacques Auxiette, Pierre Regnault et Luc Bouard avec des personnalités extrêmement différentes. J’ai travaillé avec quatre adjoints aux sports : Pierre Regnault, Gilles Bourmaud, Yves Roulleau et Sébastien Allain. Là aussi, quatre personnalités extrêmement différentes avec un caractère bien trempé.
Mais, un directeur comme moi, sait travailler avec les élus, d'abord parce que ce sont mes patrons. Nous, notre rôle est de faire la synthèse et de faire en sorte qu'on mette en œuvre une politique sportive, ce qui ne signifie pas que le directeur fait de la politique, ça n'a rien à voir. Notre job est de mettre en place une politique pour laquelle les élus ont été désignés par leurs électeurs. C'est ce que l'on appelle la continuité démocratique.
On fait en sorte aussi que les élus qui arrivent prennent en charge les dossiers le plus rapidement possible, ça faisait aussi partie de mon job.
J'ai beaucoup de respect pour les élus, quels qu'ils soient. Parce que s'engager c'est s'exposer à la critique ou à la félicitation.
Nous on a la particularité de travailler directement avec les élus, on n'est pas des fonctionnaires d’État. Du coup, c'est contraignant, très difficile, en même temps y'a rien de plus passionnant. La remise en cause est permanente donc je n'ai jamais eu le temps de m'ennuyer.
En 2014 passage de témoin avec le nouveau maire élu Luc Bouard qui a laissé à Yves Rouleau l'ancien adjoint au sport, donner le départ de la Bicentenaire.
Quelles ont été vos satisfactions ?
De travailler ensemble. J'aurais bien aimé toujours systématiser le côté transversal, très circulaire, très relation à l'autre .Très relation à l'autre, quelles que soient ses diverses compétences. La fête du sport en 2000, c'était un super exemple : On a créé un spectacle avec une chorégraphe. L'idée c'était de mettre en valeur tous les sports pratiqués sur la ville. On a quand même travaillé avec près de 30 clubs et 200 bénévoles, des danseurs qui débutaient juste comme S’poart, ça a été leur premier contrat professionnel. Des souvenirs qui restent très spéciaux, privilégiés. Le sport ce n'est surtout pas une bulle.
Vous avez des regrets ?
Si on s'attache aux dix dernières années, je dirais qu'il y a eu un élan très important vers l'agglomération. C'est toujours la même idée de travailler ensemble. Les citoyens, les organisateurs, le monde associatif ont souvent de l'avance sur le monde politique, il y a souvent un décalage.
Si j'avais un regret à exprimer, c'est plutôt dans ce sens-là. Ce qui m'a passionné le plus ces dernières années, c'est le côté agglomération, le fait de travailler ensemble, de travailler avec les autres comme de découvrir les contraintes et les points forts des uns et des autres pour faire en sorte de les mettre au maximum en commun.
Il y a déjà plein de choses qui existent sur l'économie, sur l'aménagement du territoire, mais très peu sur le sport. Je trouve qu'il y a un décalage sur ce sujet-là, alors que la volonté est réelle et qu'elle a été exprimée de nombreuses fois..
Comment expliquez-vous cela ?
On a une délégation équipements qui est limitée aux piscines et à la patinoire et c'est tout. Il y a des agglos en France qui se saisissent de cette compétence. Mais je pense que ça viendra un jour. Ça va dans le sens de l'histoire tout court et de l'histoire locale en particulier. La mutualisation fait partie des incontournables.
La piscine patinoire, par exemple, va bien au-delà des frontières de la ville, ça va bien au-delà même au niveau du département. Par exemple il y a des disciplines uniques comme le roller sur piste à Mouilleron-le-Captif et bien évidemment cela draine bien au-delà de Mouilleron.
Les gros clubs sont-ils plus favorisés que les petits clubs ?
Ceux qui font vivre le sport en tant que tel, ce sont les collectivités et très largement.
Notre rôle, en tant que collectivité, est essentiel dans la réalisation du sport sur le territoire, le département et la région jouent un rôle, mais surtout les communes. On est là pour accompagner les clubs avec les bénévoles qui font juste un travail incroyable. Ça, ça participe au lien social puissamment.
Il y a une diversité de disciplines. On sait bien qu'il y a des disciplines où il y a plus de monde que dans d'autres. Mais parfois on est surpris. J'ai proposé aux élus tout récemment une table ronde sur les arts martiaux pour profiter de la création de la nouvelle salle qui est actuellement en chantier.
J'ai beau être directeur des sports, je ne connais pas tout. En regardant de plus près, j'ai juste été impressionné. Les clubs qu'on avait autour de nous, il y en avait une douzaine qui représentaient les disciplines principales, à eux seuls, ils représentaient près de 1000 licenciés sur la ville et on n'en revenait pas. Si, à ça, vous rajoutez la boxe thaïe, française et anglaise, on arrive à 1500 personnes sur la ville qui pratiquent les arts martiaux et la boxe. Ce total représente le nombre de licenciés de foot à la Roche. Donc, oui, il y a des gros clubs, comme le foot par exemple, mais vous avez aussi une multitude de clubs qui représentent des disciplines qui, au total, représentent autant de gens que le foot.
Qu'allez-vous faire de votre retraite ?
D'abord je vais faire une pause, comme beaucoup de gens qui partent à la retraite. Je vais faire attention un petit peu à moi, à ma famille, enfin bref, classique. Je vais apprendre à faire du piano, car cela fait très longtemps que j'ai envie d'apprendre. Ça va me prendre beaucoup de temps en espérant que j'y arriverai. Écrire, lire beaucoup, donc des préoccupations essentiellement culturelles.
Pas sportif ?
Sportif ? J'ai été pendant 26 ans dans le sérail je n'ai pas envie de prolonger un engagement professionnel avec le même niveau d'investissement. Ça, c'est hors de question, car j'ai envie de renouvellement, de basculer sur autre chose.
Je préfère m'engager sur quelque chose de très neuf que je n'ai pas l'habitude de faire. Cela ne veut pas dire ne pas m'intéresser aux sports.
Oui, il y a eu une montée en puissance très claire de la pratique sportive et notamment des pratiques sportives libres notamment le running. Les pratiques se transforment, avec le développement des aménagements urbains, comme à Rivoli par exemple, ça participe au développement de la pratique sportive libre qui devient extrêmement importante.
Saluant des agents de la ville avant la photo place François Mitterand.
Le sport à La Roche-sur-Yon en chiffres :
- 22 salles de sport
- 7 complexes sportifs de plein air
- 15 000 licenciés (25 000 à l’agglomération)
- 1 700 000 € de subventions aux clubs
- 26 éducateurs dont la grande majorité de maîtres nageurs sauveteurs
- 70 disciplines recensées sur la ville