Profitant du festival international du cinéma, les accompagnateurs d’élèves en situation de handicap (AESH), ont déroulé mercredi le tapis rouge pour se faire entendre sur leurs conditions de travail plus précaires. « Notre collectif existe depuis 7 ans. Cette rentrée scolaire est vraiment catastrophique. Beaucoup d’entre nous n’ont pas d’affectation ou, quand nous en avons, les élèves sont partis ou ce n’est pas la réalité promise. Certaines d’entre nous attendent toujours un poste alors que des élèves ne sont toujours pas accompagnés », dénoncent Sophie Perrin, Martine Cossart et Morgan Joussemet.
Emplois précaires, promesses non tenues, réalité de terrain bien difficile, pour beaucoup d’entre elles, la situation ne peut plus continuer ainsi. « L’inspection académique nous avait promis de nous trouver des postes à côté de nos domiciles. Certaines font plus de 20 km chaque jour non remboursés alors qu’il y a des opportunités à pourvoir juste à côté ».
Les AVS sont en colère et déterminées à se faire entendre.
Des vœux non respectés
En mai, chaque AVS (Auxiliaire de vie scolaire) fait un vœu pour faire connaître ses envies et besoins pour la rentrée. Mais, en septembre, c’était la douche froide. « On nous avait promis des contrats de 24 heures minimum, alors que certaines n’ont que 20h. Nous sommes 100% précaires alors que nous sommes 100% nécessaires pour les enfants que nous accompagnons ». Beaucoup ne touchent même pas 700€ par mois et se trouvent sous le seuil de pauvreté. Craquage, dépression, compétences non prises en considération, les AVS sont à bout. « Certaines d’entre nous sont formées au langage des signes, à la prise en charge de trisomie ou de certains handicaps, mais on ne nous attribue pas les enfants en fonction de nos champs d’action ». Pire, certains enfants peuvent tourner avec 4 ou 5 AVS par semaine : une le matin, une pour l’heure du midi et une pour le soir, et pas les mêmes tous les jours. « C’est catastrophique, ces enfants-là ont besoin de repères ».
Mutualiser les besoins
Depuis quelques années, les besoins sont mutualisés. Une AVS peut prendre en charge jusqu’à 6 enfants sur plusieurs établissements scolaires, passant aisément de la maternelle au lycée sur une même semaine. « On enlève même des heures à certains jeunes pour en donner à d’autres. Certes on manque d’AVS mais c’est surtout très mal organisé ». Souvent les AVS ne sont pas bien accueillies dans les écoles. Sous-payées, non reconnues par leur hiérarchie, méprisées par certains enseignants, tel est le quotidien de certaines. « Les enseignants n’ont pas le temps d’accueillir des gens comme nous ». Pour se former, les AVS doivent prendre sur leur temps de vacances et financer leurs formations. Pour autant, elles ne seront pas plus revalorisées, ni sur un point de vue salarial, ni pour être prioritaire sur un poste.
« Depuis septembre j'attends un poste...»
Virginie est AVS. Porteuse d’un handicap, elle a pourtant souhaité faire ce métier. « Depuis septembre, j’attends un poste. Je ne suis donc pas payée. Je ne peux juste pas travailler en primaire. L’an dernier j’étais dans un collège. Je sais que des enfants y attendent une AVS. J’ai envoyé mon CV précisant que je savais qu’il y avait un établissement à côté de chez moi qui cherchait une AVS, que des enfants attendaient. Je n’ai toujours pas de réponse ». Avec une formation en psychologie, Virginie n’est pas exigeante. Elle ne peut juste pas porter des charges de plus de 20kg.