Depuis lundi, un préavis de grève a été déposé par les syndicats CGT et Sud Solidaires de la ville. Le préavis court toute la semaine jusqu’à dimanche soir.
Un piquet de grève centrale est installé au Centre Technique Municipal. Aucun véhicule ne peut rentrer ou sortir mais les manifestants laissent entrer ou sortir le personnel qui le souhaite.
Au cœur de la mobilisation, la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019, qui oblige à un passage aux 1607 heures (contre 1547 heures aujourd’hui), applicable au 1er janvier 2022.
« Toutes les collectivités qui avaient une dérogation dans les années 2000, liées entre autres à la réduction du temps de travail en dessous de 1607 heures, on avait 32 jours de congés payés. Demain on aura plus que 25. En fin de carrière, on avait 3 mois de bons et loyaux services. C'était aussi pour compenser les salaires qui sont les plus bas dans la fonction publique territoriale » dénonce Benoît Jamoneau, secrétaire général CGT des territoriaux ville, CCAS et agglomération yonnaise.
Une partie des grèvistes devant la grille du Centre Technique Municipal mardi.
On va avoir une revalorisation de la grille indiciaire de catégorie C mais ce n'est pas le point d’Indice qui augmente.
Le passage aux 1607 heures
1607 heures au lieu des 1547 heures actuelles, c’est 60 heures de travail en plus par mois, soit 18 minutes par jour. « Travailler 1h30 de plus par semaine, c’est-à-dire passer à 36 heures 30 avec huit jours de RTT ça ne change rien à notre vie. Les RTT c’est du temps de repos quand on fait des heures supplémentaires. Donc aujourd’hui, c’est non ! On a bien essayé de proposer des tickets repas aux agents. Pour Sud et Solidaire, ce sont des mesures sociales et non pas salariales. « 70 % des agents n’en veulent pas ! »
Aujourd’hui, un nouveau piquet de grève était installé devant la médiathèque Benjamin Rabier.
La ville de la Roche-sur-Yon compte 76,07 % d’agents de catégorie C, 13,43 % de catégorie B, et 10,50 % de catégorie A. Les femmes représentent 62,26 % des effectifs et les hommes 47,74 % (au 30 septembre 2021). |
La municipalité a comptabilisé 51 grévistes le lundi 8 novembre et 23 le mardi 9 novembre.
Le témoignage d’Annie (*)
Annie a 30 ans de vie professionnelle à la ville de la Roche-sur-Yon. Elle est aide-soignante, la nuit, dans un EHPAD.
La mutualisation interroge Annie : « avec la mutualisation, on va être obligé de remplacer à droite et à gauche, avec la réforme on va être obligé de travailler un week-end sur deux. » Les agents des EHPAD de l’agglomération travaillent un week-end sur deux contrairement à ceux de la Roche (un week-end sur trois).
Annie n’est pas optimiste et a du mal à accepter les changements à venir. Le travail de nuit est fatiguant, contraignant. « On travaille avec des personnes âgées. Les résidents nous connaissent et sont habitués à nous. »
Alors qu’il est difficile de trouver du personnel médical, certaines de ses collègues envisagent très sérieusement de quitter leur travail. « On ne veut pas revenir en arrière à faire un week-end sur deux et aller faire des remplacements dans d’autres EHPAD. Dans d’autres EHPAD, on ne connaîtra pas les résidents ni les locaux… Les résidents connaissent le personnel, cela fait partie de leurs habitudes. Si on fait des remplacements, ils vont être complètement désorientés. » Et de conclure : « On veut conserver nos acquis. »
* prénom d’emprunt
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