Jeudi soir, à la maison de quartier des Pyramides, 120 personnes étaient réunies pour assister à la première réunion du grand débat.
Pendant 2h, les citoyens ont pu s'exprimer sur leurs questions diverses et variées. Pas de temps mort pour ce débat, les participants avaient des préoccupations à mettre en avant et parfois des solutions. La parole a été libre et le micro circulait.
Dans cette période de questionnement national, on a l’impression que notre pays fait sa grande lessive, une lessive institutionnelle qui devrait être close par une restitution au Président de la République.
La transition écologique.
La question du tri des déchets a été soulevée par plusieurs intervenants «c’est dans l'intérêt du débat que nous avons trouvé des solutions pour obliger les industriels à trier. Pour prendre un exemple de McDonald, dans un gobelet, il y a trois matériaux différents qui rendent le gobelet non triable. Étant donné que les industriels ne veulent pas le faire, je pense qu'il faut trouver des solutions pour les obliger à trier."
" Quand on voit nos campagnes, quand on voit nos quartiers, des déchets par terre, vous savez, l'écologie commence par là. "
Quand vous voyez le gaspillage que les commerces font, tous les soirs ils jettent des containers entiers de nourriture encore consommable, alors qu'ils devraient les donner à des associations, c'est vraiment scandaleux. Elle est où l'écologie ?
Pour Maël, 23 ans, c'est l'éducation qu'il faudrait revoir : "il faudrait des cours à l'école pour sensibiliser avec des petits gestes quotidiens, c'est comme cela qu'on fera évoluer les mentalités"
Jonas, 32 ans, pense qu'on n'a plus le temps. La place de la voiture dans notre société est revenue sur le devant de la scène " on nous dit qu'il faut acheter une voiture électrique. Je m'interroge sur nos élites qui font 10 ans d'études. C'est la seule solution qui nous est donnée ? Pourtant, il y a des moteurs à hydrogènes, en tout cas, il y a d'autres solutions; l'électrique pour moi, c'est du gros foutage de gueule."
Jean René est gilet jaune "il n'y aura pas de transition énergétique s'il n'y a pas de transition institutionnelle."
La fiscalité.
Jérémy, 19 ans, est au chômage. "Pour avoir le permis de conduire, il faut le payer et ça coûte très cher: il faut compter 2000 €. Pour entrer dans l'emploi, il faut avoir le diplôme et quand on n’a pas de diplôme, on vous dit d'aller faire une formation. Pôle emploi peut la financer, mais il faut avoir travaillé et quand on a 18 ans, ce n'est pas facile d'avoir des expériences professionnelles."
Un participant s'interroge : " Qui gouverne le travail en France ? C'est le MEDEF. Vous savez qui c'est le MEDEF ? Ce sont des gens qui gagnent 80 000 € par mois en moyenne. Le MEDEF n'a aucune légitimité, car ils se sont élus entre eux."
Pour un participant, c'est le revenu universel qu'il faudra mettre en place. "Tout le monde veut payer le moins d'impôts possible, mais les impôts c'est juste notre vivre ensemble. Je pense qu'il faudrait donner un revenu universel à tout le monde dès l'âge de 18 ans, ce qui permettrait à chacun de ne plus vivre le travail comme un labeur et de faire de vrais choix dans sa vie"
L’organisation de l’État et des collectivités publiques
Yvonne, personne âgée du quartier, s'exprime sur le vote blanc. « Je pense que le vote blanc peut être très dangereux, car si on ne vote pas, on laisse les autres le faire. C’est comme choisir entre la grippe et la peste, il vaut mieux choisir la grippe que la peste. Le vote blanc pour moi, c’est comme un peu une abstention. Si on a fait un vote blanc, on doit respecter le résultat des élections. »
Le cumul des mandats. « Je voudrais qu’il y ait le non-cumul des salaires des émoluments des élus. On peut avoir deux postes, mais qu’un salaire. A l’élu de choisir, mais on ne peut pas les additionner. »
Geneviève est aide à domicile et gilet jaune. « Je suis contre les violences. Le jour où l’Arc de Triomphe a été massacré à Paris, j’ai pleuré. J’ai pleuré de voir ce que devient la France. L’Etat est en train de nous monter les uns contre les autres. Il faut que l’Etat change et arrête de profiter avec des voitures de fonction et ceci, cela. Tout ça, c’est nous qui le payons. »
Le débat démocratique et la citoyenneté
Estelle. « Les personnes âgées sont dans une génération un peu laissée pour compte avec le tout numérique. Un exemple concret avec les inscriptions en maisons de retraite, il n’y a plus de papier d’un coup. Pour les personnes âgées, c’est très compliqué. Il y a des gens de 60, 70 ans qui subissent cette fracture numérique. Il ne faut pas aller trop vite et laisser un public de côté. Il sera bien de garder un service de proximité. On parlait de maisons des services qui pourraient répondre à cela le temps de cette transition."
Un homme. « Le numérique, c’est extraordinaire. On peut soigner des gens à des milliers de kilomètres. Mais dans le numérique, il y a vraiment à boire et à manger. Le virtuel, étymologiquement, n’a pas de corps. Je peux dire n’importe quoi sur n’importe qui. […] J’ai proposé que ce genre de réunion puisse se faire. J’ai vu des gens aujourd’hui que je n’avais jamais vu ici. J’ai vu des jeunes, je suis stupéfait. Il y a quelque chose qui se passe dans notre pays et il ne faut pas le rater. »
Un autre homme. « Pour que les réseaux soient un peu plus propres il faut que chacun mette son nom et prénom et pas de pseudo. Quand vous écrivez une lettre anonyme, c’est un délit. Il faut assumer tout ce que l’on dit, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »
Une dame âgée. « Je vous assure, j’ai internet chez moi et c’est un jouet merveilleux. Le matin, après mon petit déjeuner, qu’est-ce que je fais ? je vais sur internet pour voir les informations où je lis l’Humanité, le Figaro, le Monde. Alors moi je dis vive internet ça peut être très dangereux, mais ça peut être très agréable. »
Un homme sur les réseaux sociaux. « Il peut y avoir de bonnes informations comme de mauvaises informations. On peut y voir certaines choses que la télé ne montre pas comme les violences policières, les blessés qui ont reçu des gros coups de flash bowl avec la manipulation qu’il y a dans tous les médias. »
Un jeune homme sur l’anonymat sur le web. « Je suis contre le contrôle de l’anonymat sur internet parce que qui va éditer les règles. Il y a une certaine liberté d’expression qui est disponible sur internet. Cela permet une libération de la parole. Moi, le grand débat je n’y crois pas, car il n’est pas représentatif. Il n'y a quasiment que des retraités qui sont représentés et ce n’est pas représentatif de ce qu’est la France actuellement. »
La retranscription des témoignages n’est pas exhaustive.
Le grand débat continue à la Roche-sur-Yon, et se tiendra le mercredi 20 février 2019 à 19 h aux anciennes écuries des Oudairies.