Un collectif d’une centaine de psychologues vendéens, dans les secteurs public et privé, tire la sonnette d’alarme.
Le contexte de crise sanitaire et économique a su mettre en lumière les troubles psychologiques et la question de la santé mentale. Le collectif dénonce une casse de la santé publique.
Aline, Nolwen, Sandrine toutes trois psychologues et membres du collectif vendéen.
Le constat
Dans sa lettre d’information des mois de juin et juillet 2021, le CHS compare le 1er trimestre 2020 et le 1er trimestre 2021, « on voit les évolutions qui traduisent bien la forte demande continue de soins de santé mentale de la population : avec une forte augmentation de la file active du pôle adolescents (+6,58%), du nombre de journées d’hospitalisation temps plein au centre de soins des adolescents (+4,42%), de l’activité en hôpital de jour (+25,35% de venues) et des actes des psychologues en ambulatoire (+34,36%). »
Les services ont du mal à absorber cette hausse.
Ce qui ne surprend pas les psychologues. « Il y a un manque de moyens humains depuis des années et des années. Le Covid est un révélateur de la situation difficile de la psychologie » explique Nolwen psychologue à Olonne-sur-Mer. En cette période, ça devrait être plus calme avec l’arrivée des beaux jours. Pourtant, ce n’est pas le cas « Et là, il n’y a pas de baisse. »
Le Covid accentue la problématique de suivi
Les psychologues voyaient des patients de temps en temps pour faire le point. Depuis le Covid, entre le confinement et le déconfinement, « il y a des patients qui me rappellent et sont complètement effondrés avec un risque suicidaire majeur. Je les oriente vers la psychiatrie. »
Pour être suivi par un psychologue, la liste d’attente est de six mois pour être pris en charge.
« Pendant le Covid, on nous a demandé de mettre en place une plate-forme d’écoute téléphonique en trois jours, on n’avait jamais fait ça. Cela n’a pas été médiatisé mais on a été sollicité. Comment faire tourner un service de psychiatrie sans médecin psychiatre ? On va fermer boutique c’est quand même inquiétant. Sans moyens humains c’est juste impossible. »
Une prise en charge financière inadaptée
Des chèques psy ou le forfait 100 % psy enfant, sont expérimentés dans quelques régions. Mais les consultations sont réalisées sur prescription d’un médecin, qui pourra choisir la durée de la thérapie, et ce à un tarif dérisoire de 22 euros. Mais avec un tel remboursement, les psychologues ne peuvent pas vivre de leur travail. « Les psychologues ne s’opposent pas, à ce qu’il y ait des remboursements, mais pas dans ces conditions. Que ce soit un remboursement au juste prix et qu’il n’y ait pas de parcours du combattant pour les patients avec un accès plus direct. Il va y avoir beaucoup plus de ruptures de suivi parce que les gens vont laisser tomber. »
Plutôt que de renforcer les moyens humains dans le secteur hospitalier, notamment en psychiatrie, « ils veulent désengorger les CMP et basculer sur le secteur privé avec un parcours de soins qui est aberrant et qui va bloquer beaucoup de patients… »
En Vendée, on estime le nombre de psychologues libéraux à 150 et une centaine au niveau du CHD.