Municipales 2020. Que va faire Martine Chantecaille ?

Suite de nos entretiens des femmes et hommes politiques qui pourraient jouer un rôle aux prochaines élections municipales, lesquelles se dérouleront dans un an. 

Tout le monde a les yeux rivés sur elle. Tout le monde se demande ce qu'elle va faire.

Martine Chantecaille fait partie des personnalités de gauche incontournables à la Roche-sur-Yon. Membre du Parti socialiste, qu'elle a intégré pour la première fois en 2006, elle l'a quitté le 19 octobre 2018. Membre du collectif La Roche Citoyenne, elle ne désespère pas de vouloir rassembler la gauche en mars 2020.

MARTINE CHANTECAILLE 1 sur 1Martine Chantecaille.

Entretien.

Est-ce difficile d’être une femme en politique ?
Je pense qu'il faut démontrer davantage. On pose toujours la question de la compétence pour les femmes. On ne la pose jamais aux hommes. Il y a quand même des chantiers menés en politique et la parité en est un.


Il faut être combative et démontrer qu'on n'est pas une simple plante verte posée là, parce qu'il faut des femmes.


Au sein du Parti socialiste comme en dehors, avec le planning familial, j'ai toujours été engagée pour l'égalité des droits. Comme je l'ai été en faveur du mariage pour tous, c'était aussi une question d'égalité.

C’est quoi, pour vous, être une femme de gauche ?
Comme femme de gauche, pour moi, le libéralisme est une mauvaise solution, une mauvaise réponse. Comme femme de gauche, je pense que c'est la voie de la coopération, et pas celle de la concurrence, qui est la meilleure. C'est la solidarité et pas la charité qui doit l'emporter.


Autrement dit, comme femme de gauche, je voudrais que ma ville, que notre ville rayonne, pour reprendre un terme du maire, soit reconnue, mais pas quand elle est nominée aux Pics d’or de la fondation Abbé Pierre pour son arrêté anti-mendicité.


Moi, j'ai eu honte, ce jour-là, que l'on cite la Roche-sur-Yon pour ses dispositions anti-SDF.


Moi, je voudrais que notre ville soit connue partout pour l'innovation, pour l'impulsion qu'elle fait dans sa lutte contre la précarité, dans sa lutte contre la pauvreté, dans sa lutte pour impliquer les citoyens, tous les citoyens et non pas pour en rejeter certains. Cela passe par des choix, et c'est très politique, par des choix budgétaires. Combien a-t-on de médiateurs sociaux ? Comment peut-on impliquer les personnes, y compris celles qui sont en situation de précarité ? Quel type de logement met-on en place ? Où mettons-nous des logements sociaux, partout ou dans certains endroits ? Voilà le type de rayonnement que je voudrais que notre ville ait. 

Que pensez-vous de l’action de Luc Bouard ?
L'homme est cordial, j'ai des rapports républicains tout à fait corrects. Il y a eu des actes de brider l'opposition, en se donnant une image d'un homme qui avait tout fait. C'est faux. Il n’est pas respectueux de ce qui a été fait avant lui.

Pour ma part j'estime ce qui a pu être fait par Paul Caillaux, Jacques Auxiette ou Pierre Regnault. Une ville, ça se construit dans le temps avec des femmes et des hommes. C'est inutile de se dire qu'il n'y avait rien avant « moi », c'est méprisant, mais c'est mal connaître la ville d'ailleurs, il n'y vit pas.


C'est pour cela qu'en début de mandat, je suis allée au tribunal administratif pour que la parole de l'opposition soit respectée quand Luc Bouard voulait la réduire. J'ai du respect pour le vote. Luc Bouard et sa majorité ont été élus avec un projet qui n'est pas celui que j'aurais aimé voir se mettre en place, et en même temps on a un rôle à jouer.

Quel regard portez-vous sur la politique de Luc Bouard ?
Au départ, j'ai senti une remise en question systématique de ce qui avait été fait antérieurement. Il y a eu les hésitations sur le pôle culturel, une remise en question sur Piobetta… Il y avait cette volonté-là qui se manifeste parfois encore dans certaines de ses interventions, à savoir, « il n’y avait rien avant moi, j’arrive, tout va bien » C'est malhonnête. C'est faux. Je trouve ça, d'un point de vue républicain, désastreux.


Actuellement, il y en a de grands. Il y a la piscine, la mairie, je trouve que les citoyens ne sont pas assez associés en amont. Il a fallu que l'on prévoie une réunion aux Oudairies, pour le projet de la Poste, pour qu'il en fasse une.

Ce n'est pas encore quelque chose d'automatique. C'est pour ça que je disais qu'il faut une innovation citoyenne à La Roche. Je ne peux pas dire que c'était parfait ce qu'on faisait. Je pense par exemple que les enveloppes de quartier, le dispositif de démocratie participative méritait d'être repensé. Mais là, ce n'est pas le cas. On peut même penser que sur certains points, il y a des régressions. Je trouve que les projets ne sont pas assez centrés sur les questions sociales et humaines.


Que pensez-vous de la réduction d'effectif des agents municipaux ?
Réduire le nombre d'agents municipaux, ce n'est pas une variable d'ajustement budgétaire banale. Les services publics, c'est pour tout le monde. On dit que c'est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Même si c'est compliqué avec la politique d'Emanuel Macron, je considère qu'il faut tenir ferme sur des services publics efficaces mais toujours puissants.


Comme par exemple ?
Veolia par exemple. Faire le choix de la régie publique c'est plus d’implication citoyenne, c’est une politique sociale qu’on peut maîtriser.

Vous faites partie du collectif de la Roche Citoyenne. Plusieurs listes semblent émerger à gauche comme celle de Stéphane Ibarra, Tarek Tarouche... Ou en êtes-vous depuis votre appel au rassemblement de la gauche ?
Il y a encore du temps pour prendre conscience du fait que la diversité n'est pas forcément illégitime. Je comprends qu'il y ait des difficultés à rassembler… de la France Insoumise au Parti Socialiste. Il y a eu un quinquennat désastreux pour la gauche, qui a conduit plein de militants comme moi à quitter le PS.

Donc l'état de la gauche, on le doit aussi au Parti Socialiste nationalement et localement. C'est difficile mais sans un rassemblement très large à gauche, on ne met pas en place toutes les conditions pour gagner, donc on ne met pas toutes les conditions pour défendre ceux qu'on veut défendre.


L'appel, [de La Roche Citoyenne] , il est toujours pertinent. Je parle avec tout le monde. Cela devrait se décanter après les européennes.

Pourtant, certains espèrent pouvoir rassembler largement à gauche.
C'est possible d’avoir cette stratégie, mais, ce n’est pas à coup sûr. Et puis quel est l'intérêt ? Il n'y a plus d'hommes ou de femmes providentiels.

Qui, à la Roche, peut dire j'incarne la gauche ? Personne. La force serait celle d'un collectif. Moi je préfère un collectif qui se constitue d'emblée sur le projet plutôt que sur le rapport de force. Je pense qu'une dynamique citoyenne, politique, de gauche, sera utile. Plus tôt ce sera mis en place, mieux ce sera.


Donc ce n'est pas désespéré pour vous à l’heure actuelle ?
Non. Car je pense qu'on a encore du temps. Nous, à La Roche Citoyenne, on pèsera de notre poids modeste, mais réel pour qu'il y ait ce rassemblement et qu'il n'y ait pas une pluralité de listes qui ferait prendre un risque.


Serez-vous candidate en 2020 ?
J’ai dit que j’aimais notre ville. Le mandat de maire est un mandat certainement exaltant parce que c’est un levier pour peser sur le réel et transformer la vie des personnes. Je suis engagée en politique pour ça, pour changer la vie.

Cet objectif, je ne le confonds pas avec le moyen. Pour moi, je ne dérogerai pas à ce que je demande aux autres, à savoir : faisons primer l’objectif de la victoire, qui passe par le rassemblement de la gauche, sur les égos. Donc je n’annoncerai pas de candidature, contrairement à d’autres, parce que je m’applique à moi-même ce que je leur demande, à savoir : mettons-nous autour d’une table, discutons, trouvons le moyen démocratique de trancher pour trouver qui est le mieux à même de porter la liste et surtout de constituer un collectif. C’est la force du collectif qui m’importe.

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