Le quartier des Halles est toujours en travaux. Ils vont durer encore deux ans. Déjà, de nouveaux commerçants sont installés. Les magasins vides (ou cellules vides pour reprendre un terme technique) ne sont plus qu’au nombre de neuf dans le quartier, contre une quarantaine il y a deux ans. Même en pleins travaux, le quartier alimentaire de la Roche-sur-Yon semble retrouver une seconde jeunesse.
de gauche à droite : Laurent Naud, Isabelle Gorichon et Anne-Lise Oldani
Une renaissance annoncée malgré les pelleteuses.
Nous avons passé plusieurs jours sur le quartier pour enquêter sur ce phénomène. La première partie de notre enquête commence avec les services de la ville concernant l’accompagnement des commerçants. Demain, vous retrouverez des témoignages des commerçants eux-mêmes qui ont fait le pari de s’installer ou de se réinstaller.
Une palette de services et d’informations mises à la disposition des commerçants et du public.
Avant, le commerce était géré par Oryon. Depuis deux ans, la municipalité a mis en place un service commerce dédié, pour accompagner les porteurs de projets dans leur installation. Une reprise en main saluée par les commerçants.
Anne-Lise Odani est à la tête de ce service. Elle est chef du service action économique. Elle est entourée de Laurent Naud le manager du centre-ville (city manager) et de Isabelle Gorichon assistante commerce. Ce service concentre ses efforts sur le quartier des Halles.
« Les cellules vacantes se remplissent bien. Actuellement il reste neuf cellules vides. Les porteurs de projets que l’on rencontre veulent à 90 % s’installer aux Halles. L’objectif est d’avoir de la qualité et des zones différentes de franchise avec des boutiques indépendantes présentant des produits que l’on ne trouve pas partout » explique Anne-Lise Oldani.
Selon les activités, le gabarit des cellules peut être un frein notamment pour les activités de restauration qui demandent un minimum de superficie et un investissement plus lourd.
Sur les deux ans, une quarantaine de commerçants se sont installés aux Halles. La ville reçoit à peu près 100 porteurs de projets par an.
Comment cela se passe-t-il pour les futurs commerçants ?
« On est souvent le premier contact. On voit bien que tous les projets ne sont pas mûrs. Pour le local, on vient nous voir. C’est comme ça que les choses s’enclenchent. »
Un premier rendez-vous est organisé pour connaître l’état d’avancement d’un projet, pour savoir où ils en sont. Ils peuvent être accompagnés dans la recherche de locaux, les démarches administratives, en les orientant vers les services de la ville compétents. La durée de l’instruction d’un dossier prend entre deux et quatre mois. Pour certains, à peu près 40 %, l’accompagnement peut prendre plus de temps. La négociation va aussi se dérouler entre le porteur du projet et le propriétaire des locaux.
« J’ai reçu, par exemple, un porteur de projet qui était serveur et voulait ouvrir un bar. Il a visité un local et s’est rendu compte que ça ne pouvait pas le faire. Passer de serveur à patron, ce n’est pas la même chose. Quand il a mesuré l’ampleur du projet, il s’est dit non. Il n’était pas prêt. C’est quelque chose qui va mûrir, et qu’il retravaillera » indique Laurent Naud. « Pour certains, nous les voyons 10 fois. Ça peut être long, j’en suis certains depuis un peu plus de deux ans. Il faut que les projets mûrissent. Il y a des avis à prendre, parfois une formation à faire et un prévisionnel à réaliser. Après cela, il y a aussi la question bancaire pour trouver des fonds. »
Certains cas sont difficiles
Les fonctionnaires répondent aux critiques qui parfois leur sont adressées. C’était le cas aussi à l’occasion de la rénovation de la place Napoléon. « On nous aurait dit qu’on aura fait fermer boutique. Ce n’est pas tout à fait le cas. »
Deux commerces dont nous avons décidé de ne pas citer le nom ont eu des difficultés et se sont interrogés pour la suite.
Le premier était dans une situation un peu compliquée. On lui demandait de déménager, car il y avait les travaux et il devait être relogé dans le secteur. Les commerçants arrivant en limite de retraite n’étaient pas franchement intéressés à se relancer sur une affaire même si c’était une continuité. Ça correspondait à la période où ils auraient arrêté.
Une autre commerçante a mis la clé sous la porte jeudi soir. Là aussi, la situation était compliquée. Avec des baux précaires, elle a dû déjà déménager une fois. Les travaux dans sa rue ont eu un impact sur son chiffre d’affaire nous a-t-elle précisé. Elle a fermé la porte définitivement de son commerce en nous confiant n’avoir jamais demandé de soutien à la mairie qui pourtant propose une aide financière aux commerçants qui constatent une baisse du chiffre d’affaires suite à des travaux.
Rendez-vous demain pour retrouver le témoignage de six commerçants du quartier des halles.