C’est une figure de la Roche-sur-Yon. Ludovic Potié, 62 ans, va quitter le conservatoire, qu’il dirigeait depuis 1998. Ce père de deux enfants va tourner sa longue page en Vendée. Diriger un conservatoire ou diriger un orchestre, deux choses qui peuvent se compléter… Il s’est confié à mavillesolidaire.
Ludovic Potié va quitter ses fonctions de directeur du conservatoire, fin août.
Ses débuts dans la musique.
C’est venu un peu tard, car il jouait à l’oreille avec son père au piano. « J’ai commencé, à l’âge de 14 ans, à aller dans un conservatoire donc, j’ai commencé tardivement par rapport à d’autres. »
Il a toujours eu envie de diriger un orchestre ; « J’ai commencé à aller dans une chorale et la cheffe de chœur m’a proposé, à 18 ans, de diriger [un orchestre]. J’ai fait des stages, j’ai appris, c’est génial. Ça, j’aime beaucoup. » Il joue également du piano, mais avoue n’être pas un grand pianiste.
Son chemin professionnel, il l’a tracé dans plusieurs endroits où il a appris son métier. De Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, d’où il est originaire, Ludovic Potié est allé à Strasbourg pour la direction d’orchestre puis, il est parti en Allemagne, pendant huit ans. Il a passé cinq ans en école supérieure de musique, avant de revenir en France pour travailler 8 ans à l’école départementale de Dordogne.
« Alors là, j’ai appris mon métier, car il y avait 25 lieux de cours différents, c’était l’école éclatée, comme on dit, dans tout le département. » Ensuite, direction La Roche-Sur-Yon, où il est resté 21 ans pour diriger le conservatoire.
« Diriger c’est le plaisir de rassembler une intention musicale »
La fonction de directeur demande plusieurs compétences. Cela peut être un danseur même si, dans l’histoire, c’est plutôt un musicien. « Il faut avoir une spécialité musicale, moi c’est chef d’orchestre, et trouver de la légitimité auprès de ses pairs. Ici, il y a 60 professeurs qui ont leur spécialité et le directeur est observé, testé. » S’il est accepté et reconnu dans sa spécialité artistique, ils trouvent une légitimité.
Pour diriger un conservatoire, il y a du management et il faut avoir des notions de gestion de groupes, de savoir fédérer, rassembler. « J’ai l’impression d’être un faiseur des possibles. Je permets à chacun de pouvoir réaliser des projets. J'ai appris à déléguer et faire en sorte, dans un respect mutuel et de la confiance, chacun respecte la place de chacun. Il y a beaucoup d’autonomie. »
Son engagement au Cyel
Depuis 1998, il dirige le conservatoire installé, depuis peu, au CYEL. Les effectifs sont passés de 750 à 1300 élèves. « Cela s’explique par le fait de montrer le conservatoire, il en est sorti grandi, on a monté des projets de pratiques collectives. Nous avons 195 projets (prestations) par an qui sont joués : danse, musique, théâtre. On a fait beaucoup de projets en commun avec la danse. On développe également les actions en milieu scolaire avec 45 heures d’intervention par semaine dans les écoles. »
La perspective de nouveaux locaux, c’est ce qui l’a fait tenir, car les anciens locaux étaient vétustes, trop petits et éclatés dans différents lieux. « Trois studios de danse qui n’étaient pas ensemble, un lieu pour le théâtre, l’éveil musical, place Napoléon. On tenait parce qu’on allait avoir un projet par la municipalité en 2006. Il a fallu attendre 10 ans. »
Au Cyel, il y a de la place et la qualité phonique et acoustique est au rendez-vous. La nouvelle municipalité a trouvé, en arrivant en 2014, que l’auditorium était un peu trop petit (il peut accueillir 384 personnes. « Ce n’est pas fait pour être un auditorium de grands spectacles, mais plutôt un auditorium de conservatoire. C’est une bonne taille. » La nouvelle salle de la SMAC devrait répondre à cette attente.
Cette période a été un moment euphorique.
Quand on lui demande ce qu’il retiendra de son passage à la Roche, il répond sans détour « c’est l’entente et le travail en commun avec toutes les structures culturelles de la ville. C’est assez rare. Il y a aussi un bon partenariat avec la scène nationale. J’ai beaucoup appris avec le réseau culturel de la Roche, c’est précieux, c’est de la valeur et nous, on s’entend très bien. »
Côté regret, « c’est peut-être de ne pas avoir eu le bâtiment plus tôt pour pouvoir proposer des projets pédagogiques croisés. »
Ludovic Potié quittera ses fonctions officiellement fin août après avoir pris quelques jours de congés. La suite de son aventure, il l’a trouvée il y a une semaine. « C’est la responsabilité de l’école de musique de Bouguenay. » À la Roche, son directeur adjoint assurera l’intérim en attendant la nomination d’un successeur.